22 au 25 juin 1940 : Aristides à Hendaye


Sur la route d’Hendaye, faisant fi de la convention d'armistice et des ordres de l'occupant, Aristides de Sousa Mendes continue de délivrer les précieux visas à tous les réfugiés qu’il croise à l’approche de la frontière.

Le pont de la liberté  
Le pont de la liberté pour les réfugiés munis de visa. Ce pont chevauche la Bidassoa, fleuve frontière entre la France et l'Espagne. Il est aujourd'hui devenu une passerelle pour piétons. ©Bernard Lhoumeau  
     

À Hendaye, du 22 au 25 juin, il continue à signer des visas sur les passeports et tout autre document au porteur que les réfugiés lui tendent. L'essentiel est que le plus grand nombre puisse franchir la frontière avant l'arrivée des troupes allemandes et avant que les douaniers espagnols refusent les visas Aristides de Sousa Mendes.

Les services de renseignements anglais, le ministère espagnol de l'intérieur et Franco sont alertés par les services des douanes qui observent une marée humaine à leur frontière.
Le 23 juin, Salazar, dont l'alliance avec le général Franco est essentielle, est furieux. Il décrète que les visas émis par le consul général du Portugal à Bordeaux sont nuls et sans effet « car cet homme est devenu fou, il a perdu la raison ».

Ce même 23 juin, est voté à la demande du maréchal Pétain un décret rétrogradant le général de Gaulle au rang de colonel et le mettant à la retraite d’office par mesure disciplinaire. Il sera, en août 1940, condamné à mort, dégradé. Ses biens seront confisqués.

La course contre la montre va commencer.

Aristides de Sousa Mendes tente encore de sauver ceux qui sont refoulés par la police des frontières d'Hendaye. Il propose aux réfugiés de le suivre jusqu'à un poste frontière espagnol isolé qui ne peut être informé de l'interdiction. Il présente son passeport diplomatique aux douaniers en leur disant : « Je suis le consul général du Portugal à Bordeaux. Tous ces réfugiés ont des visas que je leur ai délivrés, ils ont le droit de se rendre dans mon pays ». Les douaniers les laissent passer. Ils sont sauvés !

Des milliers d’autres réfugiés détenteurs de visas signés par le consul Aristides de Sousa Mendes sont pris au piège, refoulés par les douaniers espagnols à Irun et aux autres postes frontières, alors que les chars allemands arrivent dans les Pyrénées-Atlantiques. Certains tenteront de passer la frontière plus loin, d'autres remonteront vers le Nord, d'autres encore, comme le penseur allemand Walter Benjamin ou l'écrivain allemand Carl Einstein, se suicideront plutôt que d'être livrés aux nazis.

Retour à Bayonne, puis à Bordeaux

Aristides, épuisé, retourne à Bayonne avant de rentrer à Bordeaux, où il arrive le 26 juin. Il trouve encore quelques réfugiés à aider, Angélina et Aristides les accueillent au consulat. Il donne à des Juifs de faux passeports portugais qui les protégeront des lois de Vichy, de l'internement et de la déportation.

Le 27 juin 1940, l'armée allemande occupe Bayonne et entre dans Bordeaux le lendemain. Le 29, le gouvernement français part pour Clermont-Ferrand avant de s'installer à Vichy.

 

14, cours Journu Auber
33300 Bordeaux
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